Ce que notre concours nous a appris sur l’écriture d’un voyage.
Cette année nous avons lancé la première édition du concours d’écriture Colombus Voyages. Le thème : “escale de vie, voyage qui transforme” nous a amené à réfléchir sur le lien puissant entre l’écriture et le voyage.
Depuis toujours, le voyage offre au récit sa structure la plus simple et la plus naturelle. Le conte, l’épopée, le roman, les road stories modernes : tous ces genres reposent sur la succession d’étapes. Le cheminement du héros devient le fil conducteur du récit. Dans le récit de voyage, l’écriture suit encore plus directement cette dynamique. Il n'y a même pas besoin d'inventer : il suffit de dérouler les étapes du périple, de faire suivre les lieux, les rencontres, les impressions. Le voyage s'impose alors comme une forme narrative en soi, presque autonome. C’est cette évidence qui rend le récit de voyage si séduisant.

Le voyage : source d’inspiration infinie pour l’écriture
L’ailleurs et l’autre sont une source d’inspiration inépuisable à l’écriture. Les terres étrangères, par leur nature inhabituelle, regorgent d’énigmes et de zones d’ombre. Elles sont des terrains d’exploration fabuleux pour l’écrivain voyageur.
Une chose semble claire. Il existe une forme de grâce particulière associée aux mondes que l’on connaît peu, aux territoires dont la texture nous paraît tissée de fantasmes. Ces lieux inspirent, chaque expérience visuelle de ces terres nouvelles, chaque confrontation à un paysage inconnu, provoque une émotion vive. Souvent, cette émotion déclenche l’envie d'écriture. Comme si le simple fait d’être confronté à l’inédit suscitait une nécessité de langage. Une nécessité d’autant plus forte que la scène nous est nouvelle, qu'elle frappe nos rétines pour la première fois. L’écriture devient alors une tentative de fixer ce qui nous touche et nous dépasse.
Le voyage offre l'occasion d'une immersion sensorielle et l'écriture en devient l'écho. Comme si chaque phrase cherchait à capturer l'invisible, à fixer ce qui bouge, ce qui s’efface et que le voyage, en provoquant cette acuité nouvelle, ouvrait la voie à cette quête.
Forcé de constater que cette quête de dépaysement, cette nécessité de l'étrangeté, ne requiert pas forcément des distances extrêmes comme celles du Japon ou de la Polynésie. L’exotisme n’est pas uniquement une affaire de géographie et une question de latitude, il est avant tout une question de regard…
De retour chez soi : écrire pour réinterpréter le voyage
De retour chez soi, l'écriture sur le voyage offre un espace mental unique, où les souvenirs s'entrelacent pour réinterpréter notre vécu et en extirper ce qui nous a marqué. Le temps, les expériences et les instants suspendus qui nous ont traversé semblent totalement retrouvés par l'art, capable d'en restituer une vision éclairée.
L’écriture devient alors une voie pour vivre pleinement son voyage, en prendre pleinement conscience. Le souvenir du voyage agit comme un filtre, épurant le vécu par le tamis du temps. Ce qui reste après ce tri est souvent la quintessence même du voyage.
À travers une lente élaboration, le souvenir façonne un texte qui devient une interprétation du voyage vécu. Comme un traducteur cherchant à retranscrire l'essence d'une langue étrangère, l'auteur tente de révéler le sens caché de son escapade. L'écrivain voyageur cherche à fixer son vécu, comme un collectionneur qui épingle les papillons rares, pour en préserver la beauté.
Parfois, à contrario, l'écriture ne cherche pas à sublimer l'expérience. L’écriture cherche plutôt à lui donner une forme tangible, à poser des balises dans le chaos. Et quand le monde vacille, que le voyage bouleverse et ébranle trop fort, elle devient un geste de survie.
Écrire, c'est donc voyager à nouveau par les mots, se déplacer d'une idée à l'autre, d'une image à l'autre. Le récit suit son propre chemin, parfois sinueux, parfois rectiligne, mais toujours tendu vers une destination : souvent une révélation.
Finalement écrire, c'est aussi accepter de s'aventurer dans un espace d'incertitude, de prendre le risque du bouleversement. C'est tenter de traduire le mouvement du monde, qui nous change en partie lorsqu’on le suit.
Merci à tous nos écrivains voyageurs pour vos récits de voyages.